L’infirmier et la routière.

Il y a des métiers qui sont fortement connotés. On imagine mal les femmes dans un certain nombres de métiers manuels exigeants physiquement, ou alors avec un certain nombre de préjugés (on ne voit généralement pas Miss France, ou Miss Nationale, en tourneuse-fraiseuse). De la même façon, on parle encore bien plus de sage-femme que de maïeuticien, et il semble naturel de dire « j’ai rendez-vous chez l’esthéticienne » (plus ou moins naturel, je vous l’accorde, suivant que l’on soit maïeuticien ou tourneur-fraiseur). L’accès à ces métiers est compliqué pour le genre moins fréquent en raison de préjugés, mais qu’en est il une fois que l’on est en poste?

Pour le savoir, on peut se pencher sur l’article écrit par Victoria Brescoll et ses collègues dans Psychological Science.  Pour conduire leur expérience, il leur fallait d’abord trouver des métiers fortement associés à un sexe, mais doté du même type de responsabilité. Pas évident, tant la vision traditionnelle de la femme ne la tourne pas vers des métiers très prestigieux (sauf pilote d’avion, dans le cas de Barbie, ou exploratrice, dans les cas de Lara Croft et Dora). Finalement, les deux postes seront chef de la police, et président d’une université pour femmes.

On a donc donné à chacun des 202 participants un texte à lire, décrivant un scénario tournant autour d’une manifestation dans l’université féminine. Le texte présentait l’un des deux protagonistes, chef de la police ou président, en lui donnant un sexe précis, et sa réaction face à la manifestation : il ou elle avait prévu un nombre d’agents de sécurité suffisant (aucune erreur), ou non (une erreur). Chaque participant notera alors le protagoniste en question suivant quatre critères (statut, pouvoir, indépendance et respect qu’il mérite) qui seront combinés en une note de statut social et donnera une note entre 1 et 11 pour sa compétence et son savoir.

La bonne nouvelle, c’est que quand on ne commet pas d’erreur, le genre ne semble pas avoir d’importance dans la perception qu’ont les autres de votre travail. En revanche, si l’on se trompe, l’étude montre que l’on sera jugé plus durement si l’on n’appartient pas au sexe habituellement associé au travail que l’on fait. Finalement, les préjugés vous attendent toujours au tournant.

Pour la vie ou coup d’un soir?

Il y a globalement deux façons légales pour aboutir à une relation sexuelle consentie et non tarifée (en passant sous silence la carte de fidélité): l’implication dans une relation de plus ou moins long terme, ou le coup d’un soir. Mais lorsque l’on est jeune, dans une période d’insouciance, que préfère t on?

Ce qui compte vraiment, c'est la beauté intérieure...

C’est à cette question qu’ont tenté de répondre  plusieurs chercheurs de la James Madison University. Dans leur étude, publiée dans Sex Roles, 150 femmes et 70 hommes, étudiant dans la faculté (époque d’insouciance par excellence aux USA: « il y a un moment pour tout, et ce moment s’appelle « la fac » »), ont donné leurs préférences en matière de vie amoureuse. L’expérience consiste à leur demander si, dans différentes situations (suivant la personnalité du partenaire, son physique, la présence d’alcool), ils préféraient tenter d’engager une relation prolongée, ou juste un coup d’un soir. Ensuite, les participants doivent répondre à une question simples: les trois plus grands bénéfices et les trois plus grands risques des deux méthodes.

Contrairement à certaines idées reçues, dans les situations potentiellement propices à une relation à long terme, on ne retrouve aucune différence entre hommes et femmes, même si en général les hommes ont un peu plus tendance à préférer  les coups d’un soir. Si les deux sexes semblent plutôt d’accords sur certains risques ou bénéfices (risques de MST ou de grossesse) les hommes ont eux plus tendance à s’attacher à leur indépendance (et ont peur de la perdre dans une relation stable), tandis que les femmes ont plus peur d’être plus attachée que leur partenaire.

Finalement, on peut se rendre compte  que les deux sexes n’ont pas des comportements si éloignés que ça, même si les hommes semblent plus différencier sexe et amour. On peut aussi regretter que les étudiants soient à 96% hétérosexuels, ce qui ne nous permet pas d’en apprendre plus sur les différences de perception de la relation entre homos et hétéros.

La vie est si courte, profitons en jusqu’au bout!

Quand on parle d’espérance de vie, tout le monde ou presque sait que celle des femmes est plus grande que celle des hommes (c’est à dire qu’elles peuvent espérer vivre plus longtemps). En revanche, ce qui est peu abordé dans les cours de géographie, c’est l’espérance de vie sexuelle.

Et parfois on se demande, est-ce que ça en vaut vraiment la peine?

Deux chercheuses de l’Université de Chicago (plus précisément, son département d’obstétrique et de gynécologie) viennent de publier dans le British Medical Journal une étude sur cette espérance de vie sexuelle, à partir de données récoltées dans deux précédentes campagnes, cumulant plus de 6000 sujets.

Pour couper court à tout suspense, les résultats sont sans appel: l’intérêt pour le sexe, la vie sexuelle et même la qualité de celle-ci (d’après eux) est plus grande chez les hommes que chez les femmes, et l’écart se creuse avec l’âge. De plus, on constate que les personnes en bonne santé ont une meilleure espérance de vie sexuelle, mais on en reste dans ce cas à une corrélation: est-ce qu’une bonne santé permet une vie sexuelle plus longue, est-ce qu’une sexualité active permet de garder la santé, ou un peu des deux?

Espérance de vie et espérance de vie sexuelle, chez l'homme et chez la femme, en fonction de l'âge.

La notion d’espérance de vie sexuelle est aussi bien mieux définie et évoquée pour la première fois dans cette étude, et semble être de 10 ans de moins que l’espérance de vie pour les hommes, et 20 pour les femmes. Outre une potentielle différence d’approche du sexe entre les sexes (« tous des obsédés »), il faut pointer des facteurs sociologiques qui expliquent en partie cette différence. En effet, non seulement les hommes meurent plus jeunes, mais ils ont aussi tendance à épouser des femmes plus jeunes: les femmes âgées se retrouvent donc veuves plus tôt dans leur vie, ce qui diminue leurs espoirs de continuer à jouer au docteur (en contrepartie, elles vont surement voir plus souvent le vrai, de docteur).

Les auteurs pointent aussi du doigt le manque de données en ce qui concernent les sexualités différentes, homosexualité, bisexualité ou transsexualité (échantillons sans doute plus difficile à obtenir dans la population).