L’infirmier et la routière.
9 décembre 2010 Laisser un commentaire
Il y a des métiers qui sont fortement connotés. On imagine mal les femmes dans un certain nombres de métiers manuels exigeants physiquement, ou alors avec un certain nombre de préjugés (on ne voit généralement pas Miss France, ou Miss Nationale, en tourneuse-fraiseuse). De la même façon, on parle encore bien plus de sage-femme que de maïeuticien, et il semble naturel de dire « j’ai rendez-vous chez l’esthéticienne » (plus ou moins naturel, je vous l’accorde, suivant que l’on soit maïeuticien ou tourneur-fraiseur). L’accès à ces métiers est compliqué pour le genre moins fréquent en raison de préjugés, mais qu’en est il une fois que l’on est en poste?
Pour le savoir, on peut se pencher sur l’article écrit par Victoria Brescoll et ses collègues dans Psychological Science. Pour conduire leur expérience, il leur fallait d’abord trouver des métiers fortement associés à un sexe, mais doté du même type de responsabilité. Pas évident, tant la vision traditionnelle de la femme ne la tourne pas vers des métiers très prestigieux (sauf pilote d’avion, dans le cas de Barbie, ou exploratrice, dans les cas de Lara Croft et Dora). Finalement, les deux postes seront chef de la police, et président d’une université pour femmes.
On a donc donné à chacun des 202 participants un texte à lire, décrivant un scénario tournant autour d’une manifestation dans l’université féminine. Le texte présentait l’un des deux protagonistes, chef de la police ou président, en lui donnant un sexe précis, et sa réaction face à la manifestation : il ou elle avait prévu un nombre d’agents de sécurité suffisant (aucune erreur), ou non (une erreur). Chaque participant notera alors le protagoniste en question suivant quatre critères (statut, pouvoir, indépendance et respect qu’il mérite) qui seront combinés en une note de statut social et donnera une note entre 1 et 11 pour sa compétence et son savoir.
La bonne nouvelle, c’est que quand on ne commet pas d’erreur, le genre ne semble pas avoir d’importance dans la perception qu’ont les autres de votre travail. En revanche, si l’on se trompe, l’étude montre que l’on sera jugé plus durement si l’on n’appartient pas au sexe habituellement associé au travail que l’on fait. Finalement, les préjugés vous attendent toujours au tournant.